Les maladies liées au stress
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En ce mois de mai, nous avons fêté la fête des droits du travail. Et parmi ses droits, il est important de rappeler celui de travailler dans une ambiance libre de stress.
Bien sûr, il existe des emplois beaucoup plus pénibles que d’autres et qui génèrent des sources importantes de stress, tel que les pompiers, la police, les urgences…
Mais lorsque les sources de stress ne sont pas dues à la fonction même du métier, mais à une mauvaise organisation et gestion des équipes, les conséquences peuvent être dramatiques.
Bon et mauvais stress
Quand on parle de stress, on s’imagine souvent une personne presque hystérique face à une situation compliquée. Pourtant, le stress est tout d’abord un mécanisme de protection chez les êtres vivants qui leur permet de réagir face à une situation de possible danger.
Effectivement, heureusement que nos ancêtres stressaient lorsqu’un tigre aux dents de sabre les attaquait, sinon ils auraient disparu très rapidement et nous n’aurions jamais existé.
Le bon stress est donc un stress temporaire qui nous permet de réagir rapidement et de manière efficace afin de solutionner un problème ou d’éviter un danger. Nous connaissons tout cela lorsqu’il faut rendre un dossier en urgence ou lorsque nous conduisons et que nous devons éviter un obstacle.
Là où le stress devient problématique, c’est lorsqu’il est permanent et lié à une situation que l’on ne peut résoudre complètement, puisque d’autres personnes en sont la cause.
Lorsque l’on doit rendre un dossier rapidement, la majorité des personnes sont capables de travailler vite et bien. Mais lorsque ces urgences se répètent chaque semaine à cause d’une mauvaise organisation ou d’une mauvaise communication dans l’équipe, cette source de stress s’accumule. La solution la plus logique serait de revoir l’organisation. Mais encore faut-il que la personne ou les personnes en charge de planifier cette organisation acceptent de reconnaître qu’il y a un problème. Et c’est là la principale raison pour laquelle les sources de stress permanent ne sont pas toujours traitées.
Des conséquences dramatiques sur la santé
Depuis plusieurs années, les médecins alertent sur la longue liste des maladies liées au stress. En effet, le stress chronique- c’est à dire permanent- fragilise le système immunitaire, modifie le comportement hormonal et favorise les comportements malsains.
Si l’environnement familial n’est pas sans responsabilité sur le stress quotidien, le stress lié au travail est le premier facteur dans l’apparition des troubles psychologiques, de maladies cardiovasculaires, de troubles musculo-squelettiques ainsi que des troubles psychosomatiques.
La liste est longue. On peut citer par exemple:
- migraine
- obésité
- douleurs articulaires
- déprime et dépression
- diabète de type 1,
- sclérose en plaques,
- maladie de Crohn,
- psoriasis
- ….
source: Les maladies induites par le stress Céline Ramdani Dans Revue Défense Nationale 2023/HS4 (N° Hors-série), pages 32 à 40 cf : https://www.cairn.info/revue-defense-nationale-2023-HS4-page-32.htm
Parmi ces maladies, certaines peuvent se guérir par du repos, par une prise en charge psychologique et par l’amélioration du poste de travail. C’est notamment pour cela que de plus en plus de travaux d’ergonomie sont menés pour améliorer les conditions de travail, dans des métiers pénibles ou au bureau par exemple.
Toutefois, d’autres maladies ont des conséquences à long terme voir à vie et ce sont elles qui sont malheureusement les plus révélatrices d’un climat de travail conflictuel, voire toxique.
Le cas extrême du burn-out
Le burn-out -ou maladie de l’épuisement- est la conséquence directe d’une très longue période de stress où les victimes finissent par ne plus trouver le moindre intérêt au travail et même à leur vie. Cette maladie, qui ressemble fortement à la dépression, est encore relativement mal diagnostiquée et très peu reconnue dans le monde. En Suisse, malgré un débat qui dure depuis plusieurs années, elle n’est toujours pas reconnue comme maladie professionnelle : une vraie injustice, comme le présente cet article du Nouvelliste.
Pourtant, on estime qu’au moins 30% des employés sont émotionnellement épuisés au travail. Cette proportion serait en constante augmentation et concerne majoritairement les employés et employées très investis dans leur travail. Les conséquences à long terme sont très graves car le burn-out nécessite une reconstruction complète de l’estime de soi et peut favoriser l’apparition d’autres maladies physiques et/ou psychologiques, voire conduire au décès de la personne.
Les psychologues alertent sur la multiplication des cas depuis l’apparition du Covid et la généralisation du télétravail, où la limite entre vie privée et vie professionnelle est de plus en plus inexistante.
Il est donc important de rappeler autour de soi que certaines habitudes de travail ne sont pas saines:
Le fait de systématiquement faire des heures supplémentaires. Le temps accordé au repos doit permettre au cerveau de se reposer afin d’être plus efficace lors des heures de travail. S’il n’y a jamais de repos, l’épuisement s’accumule, l’efficacité de la personne diminue, ainsi que son estime de soi. Donc, respecter et faire respecter les horaires de travail établis est une obligation. Et si les supérieurs hiérarchiques insistent, l’intervention des ressources humaines devrait aider à repousser les limites.
Le fait d’être hyper connecté. Répondre à des mails ou à des messages de la part de ses collègues lorsque l’on est en temps de repos, vacances, week-end ou soirée inclus, est une très mauvaise pratique. Il est important de se donner du temps pour soi et sa famille, de déconnecter complètement. A moins que l’entreprise ne soit en feu, et dans ce cas-là c’est du ressort des pompiers, aucun travail n’est qu’une question de vie ou de mort. A chacun de mettre en silencieux ses appareils électroniques et de définir des plages horaires où l’on ne répond pas aux sollicitations du chef/ de la cheffe ou de ses collègues.
Accepter d’aider tout le monde. Être altruiste, empathique et généreux dans son travail sont des qualités sous-valorisées dans le monde professionnel. Certes, c’est tout à fait normal ne pas laisser ses collègues dans une situation difficile alors qu’il est possible de les aider. Mais quand les dits collègues ou responsables viennent systématiquement demander de l’aide et que cela n’est pas réciproque ou que cela nous empêche de faire notre propre travail, il est important de savoir poser des limites claires. Savoir dire non est certainement l’une des compétences professionnelles les plus difficiles à acquérir mais aussi l’une des plus nécessaires pour pouvoir travailler de manière sereine et professionnelle.
S’organiser et prioriser. Il existe de nombreuses manières d’organiser et de planifier son travail. Par des agendas, avec la technique Pomodoro, par des rétro planning etc. A chacun de trouver une méthode qui lui convienne et surtout ne pas hésiter à déléguer les travaux qui ne requiert pas impérativement notre temps et à prioriser ce qui est réellement important. Notre contrat de travail défini des missions précises, pas de devenir expert en tout.
En Suisse, des initiatives se multiplient pour faire connaître et prévenir contre le burn-out. Voici l’une d’entre elles. N’hésitez pas à consulter médecins et psychologues lorsque vous vous sentez épuisé, ou si vous constatez que l’un de vos proches ou de vos collaborateurs en a besoin. Prise en charge à temps, les maladies professionnelles et le burn-out ne sont pas dramatiques. A chacun d’être vigilant.